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La chute de Tenochtitlán et de l’empire aztèque

La chute de Tenochtitlán

Je vous avais raconté dans l’article précédent que Tenochtitlan, la capitale de l’immense empire aztèque, dut sa fondation et son emplacement à une prophétie: celle du dieu Huitzilopochtli, qui envoya le peuple aztèque en pèlerinage afin d’aller bâtir son royaume à l’endroit précis où leur apparaîtrait « un aigle dressé sur un nopal, dévorant un serpent, les ailes déployées ». Une autre prophétie, celle du retour de Quetzalcóatl « le serpent à plumes », est traditionnellement liée à sa chute, facilitant l’invasion par les conquistadors espagnols, ce qui donna naissance à la ville coloniale de Mexico que nous connaissons aujourd’hui.

Qui était le Quetzalcóatl ?

Quetzalcóatl est un personnage mythique très important du Mexique précolombien. Certains pensent que c’était un dieu, d’autres qu’il s’agissait un homme érudit (peut-être un viking qui aurait traversé l’océan) qui apporta aux peuple précolombiens un ensemble de savoirs nouveaux, d’autres enfin ont émis l’hypothèse d’un dieu qui aurait choisi de prendre l’apparence humaine afin de vivre parmi eux et de leur transmettre l’art et la connaissance.

Représentation de Quetzalcóatl, le serpent à plumes. Musée d’anthropologie de Mexico (District Fédéral).

Le nom de « Quetzalcóatl » vient du nahuatl. Le nahuatl est une langue indigène qui date au moins du VIIe siècle et qui était parlée par un certain nombre de peuples du nord et du centre du Mexique, en particulier les aztèques. « Quetzal » signifie « oiseau au beau plumage », et « cóatl » veut dire « serpent ». On traduit donc « Quetzalcóatl » par « serpent à plumes ».

Une singularité du Quetzalcóatl est qu’il est présent dans la mythologie de pratiquement tous les peuples de la Mésoamérique, bien que parfois sous des noms différents. C’est ainsi que les mayas le connaissent comme « Kukulcán ».

Les attributs du Quetzalcóatl varient également selon les cultures. Certains voient en lui la dualité inhérente à la condition humaine: le serpent est le corps physique avec ses limitations, et les plumes représentent la dimension spirituelle. Les peuples agricoles quant à eux parlent de l’union de l’eau de pluie (qui vient du ciel, comme les oiseaux) avec les eaux terrestres (qui ondulent, comme le serpent) toutes deux essentielles à la vie.

La prophétie du retour du Quetzalcóatl

Peinture murale de Diego Rivera (Palais du Gouvernement de Mexico). Au centre, une représentation de Quetzalcoátl entouré de son peuple.

Quoiqu’il en soit, dans la mythologie aztèque, le Quetzalcóatl est lié à la ville toltèque de Tollan qu’il aurait gouvernée avec une grande sagesse, enseignant à ses habitants entre autres choses la culture du maïs, le travail du jade et de l’obsidienne, et l’art de l’astronomie. Jaloux de ses accomplissements, son frère Tezcatlipoca décida de lui tendre un piège dont la conséquence fut l’exil de Quetzalcóatl.

Quetzalcóatl s’en fut sur un radeau par « la mer de l’est » (l’océan atlantique), tout en promettant à son peuple qu’un jour il reviendrait comme il s’en était allé, c’est-à-dire par la mer et sur le même rivage. Il aurait même donné des indications sur la date de son retour : selon les estimations des aztèques, elle correspondrait à l’an 1519 de notre calendrier.

Les représentations de Quetzalcóatl sous son aspect humain font état d’un homme à la peau blanche, de grande taille et barbu, ce qui contrastait complètement avec le physique des habitants de l’Amérique précolombienne qui étaient petits, à la peau sombre et imberbes. Un curieux hasard de l’histoire pourrait avoir précipité le peuple aztèque à sa perte.

L’arrivée d’Hernan Cortes

Le conquistador espagnol Hernan Cortés (1485-1547) – Portrait du XVIe siècle.

C’est en avril 1519 que le conquistador espagnol Hernan Cortés arriva au Mexique accompagné de 450 soldats, à environ 70km au nord de l’actuelle ville de Vera Cruz. Il fut mandaté par Diego Velázquez, le gouverneur de Cuba, qui était à ce moment-là la plus haute autorité espagnole en Amérique. Rappelons que la conquête espagnole de l’Amérique commença dans les îles des caraïbes.

Une fois à terre, il entendit parler des grandes richesses de l’empire aztèque, ce qui le décida à marcher vers Tenochtitlan. En route, il rencontra un certain nombre de tribus comme les Totonèques et les Tlaxcaltèques. Cortés se rendit rapidement compte que ceux-ci se trouvaient dominés par les aztèques et utilisa leur haine de l’oppresseur afin de transformer leur hostilité en alliance. En effet, les Tlaxcaltèques ignoraient les desseins des conquistadors, et une majorité des nobles virent surtout en eux des alliés qui pourraient leur permettre de se libérer.

Petit à petit, Cortés se rapprocha de Tenochtitlan et se retrouva à la tête d’une armée à laquelle s’étaient joint un nombre très important d’indigènes issus de diverses tribus alliées. Cette progression se fit parfois au prix d’intenses batailles.

Arrivé près de la capitale aztèque, Cortés se fit inviter par l’empereur Moctezuma qui le reçut dans son palais avec les honneurs. Une légende prétend que les aztèques l’auraient un moment pris pour Quetzalcoátl ! En effet, Cortés était grand, à la peau blanche, barbu, vêtu d’une magnifique armure qui scintillait sous le soleil, avait touché terre depuis « la mer de l’est » et paraissait inarrêtable. Il pouvait donc s’agir du retour promis et tant attendu du souverain de Tollan.

Carte de la route de Cortés jusqu’à Mexico-Tenochtitlan.
(Illustration: Yavidaxiu, sur Wikimedia Commons)

Cortés prit Moctezuma en otage quelques jours plus tard et entreprit de gouverner Tenochtitlan en son nom. Mais une série d’événements firent que les aztèques se rebellèrent et chassèrent les espagnols de la cité. Cortés et sa troupe ne durent leur salut qu’à la protection de leurs alliés indigènes de Tlaxcala qui leur donnèrent asile et protection. Cortés réorganisa ses troupes, obtint des renforts de la part des espagnols et des indigènes, et entreprit le siège de Tenochtitlan.

Moctezuma mourut de façon mystérieuse, et fut remplacé par son frère Cuitlahuac qui lui mourut assez rapidement de la variole, puis par le redoutable Cuauhtemoc. Les combats entre les aztèques et l’armée espagnole aidée par leurs allés indigènes furent très intenses, les deux camps adaptant sans cesse leur stratégie militaire l’un à l’autre. L’une des clés du conflit pour Cortés fut de couper l’accès de la ville à l’eau (destruction de l’aqueduc de Chapultepec) et à la nourriture. C’est finalement le 13 août 1521 à Tlatelolco que Cuauhtemoc dut se résoudre à capituler.

Bien que les forces indigènes fussent très largement majoritaires au sein de l’armée des vainqueurs, celles-ci provenaient de différentes tribus et aucun de ces grands groupes ne parvint vraiment à s’imposer et à prendre le pouvoir, ce dont Cortés sut à nouveau tirer parti. Il ordonna en 1521 la construction de la ville coloniale de Mexico, qui allait devenir la capitale de la Nouvelle-Espagne.

La zone de fouilles archéologiques du « Templo Mayor », la grande pyramide de Tenochtitlan, au centre de Mexico. Il ne reste plus que les fondations de l’immense édifice aztèque.

Les espagnols utilisèrent les pierres de ce qu’il restait des temples aztèques afin de construire leurs édifices, souvent par-dessus des fondations existantes. L’emplacement exact du grand temple de Tenochtitlan fut complètement oublié jusqu’à ce qu’en 1978 des ouvriers du génie civil découvrirent par hasard des sculptures aztèques en travaillant sur un chantier pour la ville. Des fouilles archéologiques ont depuis été entreprises et des restes du grand temple de Tenochtitlan ont été mises à jour.

La ville de Mexico telle que nous la connaissons aujourd’hui est donc le fruit de l’évolution d’une ville coloniale fondée par les espagnols sur les ruines de l’ancienne capitale aztèque, avec la complicité des peuples indigènes. Le 13 août 1521 à Tlatelolco il n’y eut « ni triomphe, ni défaite. Ce fut la douloureuse naissance du peuple métisse qui est le Mexique d’aujourd’hui ».

Plaque commémorative de la bataille de Tlatelolco et de la capitulation aztèque. Place des Trois Cultures à Mexico.

 

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